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Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Bélarus en République Française, au Royaume d'Espagne, à la République Portugaise et à la Principauté de MonacoPavel LATUSHKA pour la revue « Perspective » N1(154), Janvier 2019

17.01.2019 г.

Pavel LATUSHKA: «Le Bélarus et la France sont des pays proches d’un point de vue historique et territorial»

Pourquoi le nom de Jean-Emmanuel Gilibert, natif de Lyon, est-il gravé à jamais dans l’histoire de la ville de Hrodna, au Bélarus ? Quel artiste français est-il créateur du ballet bélarusse ? Quels produits alimentaires bélarusses le consommateur français peut-il acheter ? Dès les premiers jours de l’année 2019, Pavel LATUSHKA, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Bélarus en République Française, au Royaume d'Espagne, à la République Portugaise et à la Principauté de Monaco, s’est exprimé sur l’histoire des relations franco-bélarusses, ainsi que sur les perspectives de coopération entre les deux pays.

Pavel LATUSHKA est né en 1973 à Minsk, au Bélarus. Il est diplômé en droit de l’Université d’Etat du Bélarus, et diplômé de l’Université linguistique d’Etat de Minsk.

En 1995-1996, il est attaché du département juridique du Ministère des Affaires étrangères de la République du Bélarus. En 1996-2000, il est vice-consul, consul au consulat général de la République du Bélarus à Białystok (Pologne). En 2000-2002, il est directeur du département d’information, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères de la République du Bélarus. En 2002-2008, il est ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Bélarus à la République de Pologne. Depuis 2009 et avant d’être nommé en France, il est ministre de la culture de la République du Bélarus. Depuis 2012, il est ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Bélarus en France ; délégué permanent de la République du Bélarus auprès de l’UNESCO et auprès de l'Organisation Mondiale du Tourisme. En 2013, il est nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Bélarus au royaume d’Espagne et à la République du Portugal. En 2017, il est nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Bélarus à la principauté de Monaco.

Il est citoyen d’honneur de la ville de Béthune (Pas-de-Calais). Membre du Club des ambassadeurs de Marseille. Ambassadeur d’honneur d’Armagnac et Saint-Émilion.

Il parle bélarusse, russe, polonais, anglais.

Perspective : Pavel Pavlovitch, voilà plusieurs centaines d’années que perdurent les relations entre la France et le Bélarus…

Pavel Latushka: Le Bélarus et la France sont des pays appartenant à différentes unions politiques et économiques, mais ils demeurent proches d’un point de vue historique et territorial puisqu’ils sont tous deux des pays d’Europe.

De nombreux monuments biélorusses des XVe et XVIe siècles ont été érigés sous l’influence d’architectes français. Par exemple, dans le château de Niasvij, qui est inscrit dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, la grande cour de parade a été construite dans la tradition de la Renaissance française.

Ce sont également des artisans français qui ont fabriqué les meubles du château de Mir, un site également inscrit dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le nom d’un Français originaire de Lyon, Jean-Emmanuel Gilibert, reste lié pour toujours dans l’histoire de la ville de Hrodna, car il y a créé le jardin botanique, l’Académie de médecine, les écoles de vétérinaires et de sages-femmes, et enfin l’hôpital. L’année passée, son nom a été donné à un quartier de la ville de Villerupt en Lorraine où sont construits des bâtiments bélarusses.

Nous pouvons également citer l’illustre chorégraphe Louis Dupré, qui fut le créateur du ballet bélarusse au XVIIIe siècle. C’est ainsi qu’en 2018, sur l’initiative de notre ambassade, s’est tenue à Minsk et à Niasvij, une conférence internationale dédiée aux 260 ans du ballet bélarusse, tandis qu’une représentation du Ballet National de Marseille s’est déroulée au sein du Grand théâtre du Bélarus.

De grands peintres issus de la célèbre « école parisienne », tels que Marc Chagall, Chaim Soutine ou encore Ossip Lubitch, étaient originaires du Bélarus. Récemment, nous avons également eu la confirmation que, lors de la Première Guerre mondiale, le général de Gaulle se trouvait au Bélarus, plus exactement dans la ville de Chtchoutchyn.

Le patrimoine historique, bien sûr, est le centre des relations entre nos deux pays, mais nous sommes également liés dans l’époque moderne.

P : Voilà 6 ans que vous dirigez l’ambassade de la République du Bélarus en France. Pendant cette période, comment se sont développées les relations entre les deux pays ?

P. L: Le Bélarus et la France sont actuellement dans une période d’analyse en vue de diverses coopérations à travers la recherche d’intérêts communs dans les sphères politiques et économiques. Au cours des dernières années, le Bélarus et la France ont su mettre au point des mécanismes inter-gouvernementaux, tels qu’une commission économique et commerciale, ou encore des groupes d’étude pour le tourisme et la préservation de l’environnement. Il existe également un dialogue entre nos parlements et nos ministères des affaires étrangères. Nous avions pour priorité d’activer le contact avec les régions : l’ouverture d’un consulat honoraire de la France dans la ville bélarusse de Brest, ainsi qu’un consulat honoraire de Bélarus à Lyon, Bordeaux, Marseille et Biarritz. Notre activité s’est enrichie de divers accords de coopération sur le plan de l’économie, de l’écologie, des transports, du tourisme et de la francophonie.

Au cours de ces six dernières années, plus de 200 projets culturels dans plus de 50 villes françaises ont été organisés avec notre participation : les Journées de la culture et du cinéma bélarusse, les saisons théâtrales et musicales bélarusses, des expositions auxquelles ont participé plus de 600 artistes bélarusses, des spectacles du groupe « Pesniary » et « Horoshki », l’opération annuelle « Chantons ensemble l’hymne bélarusse » et beaucoup d’autres événements. Des centaines de milliers de Français ont participé à ces différentes manifestations.

Nous avons coordonné nos actions en interaction avec la diaspora bélarusse en France : à Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Clermont-Ferrand, ainsi que dans d’autres villes.

P : Vous avez évoqué le quartier baptisé du nom de Jean Gilibert à Villerupt, où les maisons ont d’abord été fabriquées dans la ville bélarusse de Chklov. Avez-vous d’autres exemples de coopération économique entre la France et le Bélarus?

P. L.: Dans notre travail, la priorité est donnée au développement des investissements et des échanges commerciaux. Une grande partie de notre activité dans ce secteur est centré sur le commerce d’engrais : azotés ou potassiques. Sinon il existe 250 points d’échanges commerciaux : des articles stratégiques jusqu’aux marchandises de consommation domestique.

À noter également qu’une usine métallurgique bélarusse fournit les matériaux nécessaires à la production de pneus Michelin en France. La fabrication d’articles en bois (maisons, meubles, etc.) occupe également une place importante. Suite à la fabrication des maisons bélarusses fabriquées à Chklov, un contrat va être bientôt signé pour engager la fabrication de carreaux pour leur finition. Notons également que sur les tables françaises, on peut désormais trouver des produits alimentaires bélarusses, tels que des girolles ou des escargots.

De grandes entreprises françaises travaillent ou commencent à travailler sur le marché bélarusse : Renault, Peugeot, Danone, Lactalis, Leroy Merlin, ou encore Bessac.

De janvier à octobre 2018, le volume des échanges commerciaux a augmenté de 10,6% (322,5 millions de dollars) par rapport à la même période l’année précédente. L’exportation de produits bélarusses vers la France a augmenté de 9,8% pour atteindre 57,5 millions de dollars, tandis que l’importation de produits français vers le Bélarus a augmenté de 10,3% (soit 265 millions de dollars).

Dans le but d’améliorer notre coopération dans la sphère commerciale et économique, nous avons créé des outils classiques : une commission économique inter-gouvernementale évoquée plus haut, des groupes de travail par sphères d’activité. De plus, cinq business-forums rassemblant les deux pays ont été organisés, 55 présentations économiques ont eu lieu dans les régions, des brochures informatives sur le Bélarus ont été éditées en langue française, il existe également une base internet. Le consulat a soutenu la création de l’association franco-bélarusse « BelFrantorginvest », vouée au développement des coopérations économiques.

On trouve dans notre passé de nombreux points de concordance entre nos deux pays. Le présent nous offre également de nouvelles raisons de développer les liens qui nous unissent. Je suis certain que 2019 ne sera pas une exception. Je profite de l’occasion pour adresser mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année à l’équipe de la rédaction, ainsi qu’aux lecteurs de Perspective.

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